Interview de Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, présidente et coordinateur général de la Coalition « Arc-en-ciel »

Les responsables du Collectif « Sauvons le Togo » (CST) et la Coalition « Arc-en-ciel » ont animé ce lundi, une conférence de presse, rencontre au cours laquelle ils ont abordé plusieurs sujets dont les prochaines législatives et les trois jours de manifestations les mardi, mercredi et jeudi pour protester contre le décès d’Etienne Yakanou et la libération des autres personnes en détention préventive dans l’affaire des incendies des marchés.

Approchée par des journalistes à la fin de cette rencontre, Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson a rappelé les grandes lignes de cette conférence. Lisez.

Savoir News: Quel est l’objectif de la conférence de presse de ce lundi?

Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson: te conférence de presse pour délivrer un message sur un certain nombre de sujets préoccupants. Il y a quelques jours, la CENI a annoncé une date pour les élections législatives. Nous avons également appris que le traitement des données du recensement était en cours et que la CENI s’apprêtait à afficher une liste pour permettre aux populations d’exercer les recours dans les 48 heures. Vous savez également qu’il y a une actualité douloureuse que nous n’avons pas encore digérée depuis quelques jours: le décès d’Etienne Yakanou, militant de l’ANC, détenu dans l’affaire des incendies des marchés. Nous avons voulu, à travers cette conférence de presse, réagir sur ces trois points.

Concernant le premier point: Nous avons attiré l’attention du gouvernement sur le fait qu’un coup de force électoral ne serait pas indiqué en ce moment, à l’heure où tout le monde reconnaît, même les partenaires du Togo, que nous avons besoin d’engager des discussions pour que les élections à venir, soient organisées dans des conditions consensuelles. Et c’est quelque chose qui semble logique et nous ne comprenons pas que le gouvernement ne réagisse pas encore positivement à cette demande et donne l’impression de vouloir continuer, avancer dans la préparation unilatérale de ces élections. Nous voulons lui dire: ne faites pas courir ce danger à notre pays.

Sur la question du recensement: nous avons voulu rappeler et nous continuons de rappeler que nous avons observé nous aussi le recensement. Nous avons relevé des irrégularités qui sont des irrégularités massives et nous sommes convaincus que ce ne sont pas les 48 heures de recours qui vont permettre de corriger ces irrégularités et de sortir un fichier électoral propre. Le processus a été vicié dès le départ. Il était suspect dès le départ, dès lors que le gouvernement a voulu conduire ce processus de manière unilatérale, c’est-à-dire sans la participation de l’opposition aux Comités de Listes et Cartes. Nous rappelons à travers cette conférence de presse que ce qu’il nous faut, c’est un audit du fichier électoral qu’il faudra nécessairement prévoir. Un audit indépendant qui mettra tout le monde d’accord lorsqu’on sait l’importance du fichier électoral dans ce genre de processus.

Concernant Etienne Yakanou, nous demandons que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé. Nous voulons que les responsabilités soient situées et que ceux qui sont responsables de ce décès, répondent de leurs actes ou de leurs inactions. Nous ne comprenons pas pourquoi, on détient encore des gens dans cette affaire d’incendies des marchés, dossier dans lequel on a démontré à l’heure actuelle que les déclarations qui ont servi de base à ces interpellations qui ont été obtenues dans des conditions qui ne sont pas régulières. Rien ne justifie aujourd’hui, qu’on détienne encore des gens dans cette affaire. Même si on voulait poursuivre l’enquête, nous demandons qu’on libère ceux qui sont détenus.

Q: Vous avez prévu trois jours de manifestations: dans quelles conditions? Et comment vous les organisez?

R: Nous avons prévues trois jours de manifestations pacifiques, des manifestations par lesquelles nous voulons que le peuple togolais montre qu’il est un peuple digne. Un peuple digne ne peut pas se taire devant l’horreur de la dernière fois. Je le dis parce que je suis une mère, une épouse et quand j’ai entendu le témoignage de Mme Yakanou, j’ai eu du mal à retenir mes larmes, parce que cette femme a tout fait pour sauver son mari. L’alarme était donnée et s’il n’y avait pas eu une intention de faire en sorte que ce monsieur meurt, ou en tout s’il n’y avait pas eu négligence, Etienne Yakanou ne serait pas mort. Elle avait donné l’alarme suffisamment à temps pour qu’on puisse le sauver. Nous ne pouvons pas accepter ce genre de chose. C’est Etienne Yakanou qui meurt aujourd’hui, mais demain, ce sera un autre togolais. Et comme un peuple debout, nous voulons nous lever et dire non. Nous ne voulons plus ces genres de choses se produisent. Trouvez-nous les auteurs et qu’ils répondent de leurs actes.

Q: Et si les gens ne sont pas libérés, après les trois jours de manifestations?

R: Nous avons tout un éventail d’actions à mener et nous entendons continuer à les mener, à crier sur tous les toits, à user de tous les recours que avons. Et il appartient au gouvernement de comprendre que c’est dans son intérêt d’aller vers l’apaisement. Le gouvernement n’a aucun intérêt à laisser ce pays continuer à s’embraser. Vous croyez que c’est pour rien que nous avons eu tous ces troubles qui se sont succédées dans différentes localités. C’est que les togolais en ont marre. Il y a eu récemment le petit Anselme, il y a eu Douti et ensuite, Yakanou. Demain, ce sera le tour de qui? Est-ce que nous sommes des gens dignes? Si oui, nous devons nous lever et dire non.

Q: Est-ce que la CDPA a déjà eu vent du fameux rapport des incendies?

R: utez: nous demandons que ce rapport soit publié. Ce que nous en savons, nous provient du communiqué du Procureur de la république. Mais en réalité, ce que nous avons entendu, laisse deviner le fond de ce qu’il y a. Et ce que nous avons entendu est suffisant déjà pour dire: mais pourquoi on s’était acharné sur des responsables et des militants de l’opposition? Pourquoi est-ce que dès le début de cette affaire, on ne pouvait pas faire une analyse objective et instruire cette affaire en explorant toutes les pistes possibles. Aujourd’hui, dans tous les cas, nous nous demandons ce que les gens continuent à faire en détention. Pourquoi les garde-t-on? Il faut les libérer et continuer les enquêtes s’il le faut. FIN

En Photo: Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson devant des journalistes ce 20 Mai 2013

Propos recueillis par Junior AUREL

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