« Certains cherchent à créer un rideau de fumée pour masquer la réalité et conduire la procédure » judiciaire enclenchée dans l’affaire des incendies des marchés « dans un mauvais sens », a affirmé dimanche Gilbert Bawara, le ministre de l’administration territoriale, fustigeant les déclarations de l’opposition notamment du Collectif « Sauvons le Togo » (CST) et de la Coalition « Arc-en-ciel ».
Le marché de Kara (nord) et le principal bâtiment du grand marché de Lomé ont été ravagés dans des incendies en janvier dernier. Pas de pertes en vies humaines, mais les dégâts sont énormes: près de 6 milliards de F.CFA de pertes.
Le gouvernement avait qualifié « d’actes criminels » ces incendies et ouvert une enquête dirigée par le Procureur de la république Essolissam Poyodi. Au total 35 personnes sont inculpées dont 24 en détention préventive, 09 sous contrôle judiciaire et 02 libérées provisoirement. La plupart des inculpés et écroués dans ce dossier sont des responsables et des partisans de l’opposition.
Le CST et la Coalition « Arc-en-ciel » ont dénoncé à plusieurs reprises une « vague d’arrestations arbitraires parmi les responsables et militants de l’opposition » et exigé une « enquête internationale ». Ces deux regroupements ont plusieurs fois (surtout lors des meetings) pointé du doigt le gouvernement d’avoir orchestré ces incendies pour « décapiter » l’opposition, notamment le CST.
Selon le ministre de l’administration territoriale, « certains cherchent à créer un rideau de fumée pour masquer la réalité et pour conduire la procédure dans un mauvais sens ».
« La procédure judiciaire suit son cours et le gouvernement a une ligne de conduite: C’est d’abord de veiller à la bonne administration et à l’indépendance de la justice. Le gouvernement n’a pas à s’ingérer dans la procédure, contrairement à toutes les déclarations qui sont faites. Les intrusions, les pressions sont exercées avec des déclarations péremptoires, des éléments parcellaires et tronqués qui sont divulgués pour induire la procédure en erreur », a déclaré M.Bawara à la Télévision nationale (TVT) lors de l’émission « Plateau de la Semaine ».
« Face à la gravité des incendies, nous devons faire preuve de beaucoup de modération et de retenue. On peut avoir des désaccords politiques, des divergences politiques, mais on ne doit jamais franchir cette ligne jaune ou rouge en s’attaquant au cœur de ce qui fait l’économie du Togo », a-t-il souligné.
Le ministre dit ne pas comprendre « pourquoi certains cherchent une sorte d’absolution et par anticipation, demandent une sorte d’amnistie en voulant qu’on renonce aux poursuites, qu’on renonce à la justice »: « tous les togolais y compris les partis politiques doivent être désireux de voir la procédure aller jusqu’au bout pour que nous sachions ce qui s’est passé »
« Tout de même, ce drame n’est pas arrivé par hasard. Il est arrivé avec en toile de fond, un contexte dans lequel on nous a promis le cataclysme et l’effondrement: l’opération dite les +derniers tours de Jéricho+. Mais, les togolais ont besoin de savoir les tenants et les aboutissants de cette affaire: qu’est-ce qui était prévu? Dans quel but? dans quel intérêt? », a-t-il poursuivi.
« Le premier jour qui était supposé être le premier jour des +derniers tours de Jéricho+: incendie du marché de Kara. Et puis le dernier jour des +derniers tours de Jéricho+: incendie du marché de Lomé, tentative d’incendie à Atakpamé. On a besoin quand même de savoir. Je n’établis aucun lien. Je vois entre les prophéties ou les invocations des dieux du malheur sur le Togo, les déclarations publiques de certains disant qu’ils useront de tous les moyens et de toutes les voies pour empêcher les élections et le drame qui nous est arrivé. Tout de même, cela soulève des interrogations. Et j’aimerais que certains nous aident à comprendre », a-t-il indiqué.
La « lettre » de Toussaint Tomety alias Mohamed Loum
Le ministre est revenu sur la « lettre » qu’aurait envoyée Toussaint Tomety alias Mohamed Loum – l’un des principaux inculpés dans ce dossier des incendies – à Jean Pierre Fabre, le leader de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC, opposition): « De quelle manière, ce document manuscrite ou non écrite- nous ne le savons pas – serait sorti du lieu de détention vers les destinataires qui s’en prévalent aujourd’hui? Et si les gens ont la conviction que ce document est authentique et véridique, pourquoi ne pas utiliser les moyens et voies de recours qui sont disponibles? ».
« Et s’ils ont aussi le sentiment que c’est le témoignage, l’audition et l’interrogatoire ou la confrontation avec cette personne – qui est devenu subitement le messie – (…) qui auraient fondé la procédure judiciaire ou les inculpations; et qu’il n’existe pas d’autres témoignages, d’autres éléments de preuve ou d’autres faisceaux d’indices, qu’on utilise les voies de droit et les moyens de recours disponibles au lieu de chercher à travers des occases, des intrusions, des pressions, des déclarations intempestives à dire qu’il faut renoncer aux poursuites », a fustigé M.Bawara.
« Qu’on laisse la procédure judiciaire suivre son cours et que le Parquet instruise le dossier librement, de manière indépendante, impartiale et dans la sérénité, sans interférence, sans qu’à travers des meetings et des déclarations, on cherche à les induire en erreur », a-t-il ajouté. FIN
Junior AUREL
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