L’Argentin Jorge Mario Bergoglio a été élu pape mercredi soir par les 115 cardinaux électeurs réunis depuis mardi soir en conclave secret, pour succéder à Benoît XVI après la démission historique le 28 février.
Il a fallu attendre plus d’une heure pour connaître son identité et il a pris le nom de François Ier.
« Il semble que les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde », a déclaré le pape François Ier, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio, dans ses premiers mots depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre. Ce premier pape latino-américain et premier Jésuite à devenir pape a appelé à prier pour son prédécesseur Benoît XVI. Il a invité les fidèles à « entreprendre un chemin de fraternité, d’amour » et d' »évangélisation » et a demandé à la foule une minute de silence: « Priez pour moi et donnez-moi votre bénédiction ».
Archevêque de Buenos Aires depuis 1998 et âgé de 76 ans, il s’agit du premier pape de l’histoire pour le continent américain et du premier Jésuite.
Après la formule « Habemus papam » prononcée par le cardinal français Jean-Louis Tauran, le 266e pape de l’histoire est apparu au balcon pour sa première bénédiction urbi et orbi.
Une immense clameur a retenti Place Saint-Pierre lors de l’émission de la fumée blanche signalant son élection vers 18H05 GMT, avec des cris de joie poussés par une foule nombreuse qui brandissait des drapeaux et scandait « habemus papam » et « viva il papa », pendant que les cloches sonnaient à toute volée. Gardes suisses et membres d’autres forces armées se sont aussitôt déployés en fanfare devant la basilique, juste sous la loggia centrale. Une foule grossissant à vue d’oeil et constellée de parapluies a envahi la place, brandissant banderole et drapeaux à la gloire du Saint-Siège. les cloches des églises romaines ont aussi retenti, accompagnées de concerts de klaxon.
Cette élection met un point final à quatre semaines inédites et mouvementées, depuis l’annonce surprise le 11 février par Benoît XVI de sa renonciation à l’âge de 85 ans –une première en sept siècles, depuis celle du pape moine Célestin V. Le prochain pape se retrouve à la tête d’une Église confrontée à de grandes difficultés: sécularisation massive dans les pays de tradition chrétienne, scandales de pédophilie et de corruption qui remontent sans cesse du passé, mauvaise gouvernance et intrigues à la Curie, difficultés d’adaptation aux cultures locales, rapports tendus avec l’islam rigoriste, contestations diverses. Mais, en même temps, le nombre des catholiques croît rapidement dans beaucoup de pays du sud. L’Eglise, vivante, est aux avant-postes sur de nombreux terrains (santé, pauvreté, éducation, etc…), et enregistre dans ses rangs une floraison d’initiatives et de nouveaux mouvements.
Le 11 février, dans un court message sobre en latin aux cardinaux médusés, un pontife allemand à bout de forces avait créé la stupeur en annonçant sa « renonciation » à mener « la barque de Pierre ». Il avait admis ses forces déclinantes face aux défis d’un monde en rapide changement. Un geste humble qui avait été salué dans le monde entier, mais pas toujours bien compris dans l’Eglise. Il avait annoncé qu’il se retirerait dans la prière, manifesterait une « obéissance inconditionnelle » au nouveau pape, et s’effacerait aux yeux du monde. Le 28 février, sans cérémonie mais avec émotion, Joseph Ratzinger prenait congé de près d’1,2 milliard de catholiques, affirmant qu’il resterait toujours avec eux dans la prière.
Source: AFP