Deuxième produit d’exportation, après le phosphate, le coton est le premier produit agricole d’exportation du Togo. Selon les récentes statistiques du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, le secteur cotonnier occupe directement près de 275.000 producteurs et fait vivre, directement ou non, près de 2,5 millions de personnes sur les 6 millions d’habitants que compte le pays. Il est de ce fait, un important facteur de lutte contre la pauvreté en milieu rural.
Des actions soutenues de vulgarisation et de conseils techniques, ainsi que la diffusion des techniques améliorées avaient rendu la culture cotonnière très attractive pour les producteurs togolais. Pour preuve, la production du coton-graine a évolué de 10 736 tonnes en 1974 à 174 000 tonnes en 2004/2005, après avoir atteint la plus haute performance, 187 703 tonnes en 1998/1999.
Mais le secteur a traversé une période très difficile, en raison d’une série de dysfonctionnements et d’un problème de gouvernance (notamment la mauvaise) au niveau de la Société Togolaise de Coton (SOTOCO) entre 2000 et 2005. Pendant cette période, la production a considérablement régressé, notamment durant les campagnes 2005/2006 et 2006/2007.
Cette situation a contraint les autorités togolaises à dissoudre en janvier 2009 la SOTOCO et à créer la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT).
La NSCT est une société d’économie mixte où l’Etat togolais détient 60% des parts, les 40% restant revenant aux producteurs de coton. Avec un début d’activité très difficile, la Nouvelle Société Cotonnière du Togo a enregistré un résultat déficitaire de plus de 262 millions de F.CFA à fin décembre 2009, avec une production d’environ 28.000 tonnes. Cette production était largement en dessous du niveau de production qui permet d’arriver à une situation d’équilibre. Il faut une production d’au moins 40.000 tonnes pour s’attendre raisonnablement à une marge.
Mais au cours de ces trois dernières campagnes, on a noté une amélioration des résultats grâce notamment aux réformes qui ont été opérées dans la filière, aux actions de communication à l’endroit des producteurs et de renforcement des capacités de leurs organisations, à la rigueur dans la gestion de la NSCT et à l’évolution favorable des cours mondiaux de la fibre.
Pour la campagne 2010/2011, la NSCT a engrangé un bénéfice de 370 millions de F.CFA pour une production de 46.844 tonnes. En 2011/2012, la production est estimée à plus de 79.000 tonnes pour un bénéfice de plus de 976 millions de F.CFA. Pour ce qui concerne la campagne 2012/2013, il est envisagé une production de 95 000 tonnes de coton graine.
Au regard de ces bonnes performances le gouvernement et les Partenaires Techniques et Financiers conviennent de l’inscrire dans la durée pour consolider ses acquis et assurer sa viabilité, d’où l’élaboration d’une nouvelle stratégie de cette filière avec pour vision, une production annuelle d’au moins 200.000 tonnes d’ici 2022.
Le document a été soumis jeudi et vendredi dernier à Lomé à l’appréciation d’environ 150 acteurs du secteur cotonnier du Togo et de la sous-région. Des représentants de l’Association Cotonnière Africaine (ACA), de l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA), ainsi que des responsables de la Société de développement et des fibres textiles (Sodefitex) – basée au Sénégal.
Les débats se sont déroulés en plénière et en commission. Les participants ont écouté deux grands exposés sur « les grandes lignes du projet de document d’orientation stratégique » et « les principes directeurs des orientations stratégiques ».
Les participants ont échangé notamment sur la vision future du secteur en prenant en compte la transformation locale de la fibre. Ils ont également échangé sur les résultats des privatisations dans les pays de la sous-région (Bénin, Burkina-Faso, Mali, Ghana, etc.) et analysé les mesures sur la gouvernance du secteur afin d’améliorer les orientations pour un développement durable de la filière.
A la fin des assises, un document d’orientation stratégique de la filière coton assortie d’une feuille de route de mise en œuvre des mesures définies a été adopté.
Selon le ministre de l’agriculture de l’élevage et de la pêche, le Togo ne vise qu’un seul objectif: atteindre au moins une production annuelle de 200.000 tonnes de coton.
« Nous devons mettre l’accent sur plusieurs éléments dont la formation continue du personnel technique. Il s’agira de procéder à la mise à niveau régulière des techniciens intervenant sur les équipements industriels, afin de leur donner les capacités à assurer l’exploitation et la maintenance. Il faut aussi renforcer les capacités de stockage et améliorer le cadre de travail », a souligné le colonel Ouro-Koura Agadazi.
Selon un responsable de l’Association Cotonnière Africaine, la nouvelle vision stratégique de la filière cotonnière au Togo repose sur certains « principes directeurs » notamment le maintien d’une filière intégrée unique, la responsabilisation et la professionnalisation des acteurs, la prise en compte de la dimension genre, la durabilité des interventions et la transparence et la bonne gouvernance.
« La promotion du coton doit être considérée comme une filière économique qui nécessite de pratiquer la vérité des prix : si les prix mondiaux s’élèvent, ce sont les producteurs qui sont les premiers bénéficières et si les prix mondiaux baissent, les producteurs doivent aussi accepter voir baisser les prix », a souligné ce responsable sous le couvert de l’anonymat. FIN
Junior AUREL
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