Deux experts français en police scientifique sont à Lomé depuis le 18 janvier où ils cherchent à « comprendre les causes » des incendies qui ont ravagé le marché de Kara (nord) et le principal bâtiment du grand marché de Lomé.
Ces experts sont à Lomé, suite à une demande « d’assistance technique » formulée par le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé auprès de son homologue français François Hollande. Nos confrères de RFI et de Focus Info ont approché ces deux experts. Lisez plutôt.
Focus info/RFI : Afin d’éclairer un peu plus nos lecteurs sur les raisons de votre présence au Togo, pourriez-vous nous en dire plus sur vos compétences et expériences en matière d’investigation sur les incendies ?
HB: Je laisserai à mon collègue le soin de répondre à cette question pour son cas. Pour ce qui me concerne, j’occupe actuellement les fonctions de chef de la section ingénierie du feu au Laboratoire central de la Préfecture de Police et je suis aussi expert près la Cour d’Appel de Paris. Je me rends régulièrement sur des scènes d’incendie afin de travailler sur les causes de ces sinistres. Nous travaillons toujours selon une méthode opérationnelle préétablie et très rigoureuse à l’aide d’outils très sophistiqués. Nous sommes en effet la seule unité d’Europe à un modèle de simulation tenant compte des effets physiques d’un feu dans le cadre de nos expertises.
Francis DEBIASI : Pour ma part, j’appartiens au corps des sapeurs-pompiers de Paris et je suis responsable de la cellule investigations au sein de cette brigade. Dans le cadre de mon métier, je suis amené plusieurs fois par semaine à me déplacer sur des feux et à en tirer le plus rapidement possible de nombreuses conclusions (origine, propagation etc).
Focus info/RFI : Vous parliez il y a quelques instants de méthodes opérationnelles d’investigation très rigoureuses. Quelles sont-elles ?
FD: La première chose à savoir, c’est qu’en matière d’enquête post-incendie, une hypothèse qui ne se fonde pas sur des faits scientifiques ou physiques déterminés n’est que supposition, jusqu’à preuve du contraire. Partant de ce constat, l’enquête incendie débutera par l’observation des locaux notamment de la dégradation des matériaux ainsi que les flux thermiques lors de l’incendie. Ces éléments ajoutés à une très bonne connaissance des matériaux permettront d’obtenir une parfaite lecture du feu.
Après ces premières investigations, on cherchera à échanger avec les premiers intervenants à savoir les sapeurs pompiers mais aussi avec des témoins oculaires de ces sinistres. Ces éléments nous permettent d’établir ce que nous appelons des « RETEX » pour « retour d’expériences ».
Focus info/RFI : Ces deux techniques permettent-elle à coup sûr de déterminer les origines des incendies ?
HB: <
/strong>A l’aide de nos observations et des analyses qui sont effectuées en France, nous parvenons généralement à déterminer l’origine et parfois les causes des incendies. Au Togo, c’est notre seule mission.Focus info/RFI : Dans combien de temps pourrez-vous livrer aux togolais les premiers éléments de l’enquête en cours ?
HB : Comme je l’ai déjà dit, nous sommes au Togo pour réaliser une enquête technique sur demande expresse des autorités togolaises. Après l’observation des trois marchés de Lomé, de Kara et d’Adidogomé et les analyses qui seront réalisées en France de certains produits retrouvés sur les lieux, nous remettrons aux autorités togolaises un rapport détaillé relatant nos conclusions. Je souhaite insister sur le fait que nous ne sommes pas présents au Togo pour déterminer les responsabilités mais simplement pour trouver des éléments techniques relatifs à l’origine et à la propagation de ces feux. Quant à la publication de nos conclusions, ce sera aux autorités togolaises d’en déterminer le moment opportun. FIN
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