Quelque 80 forces de sécurité des écoles de formation de police et de gendarmerie de 23 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Haïti sont en conclave ce lundi à Lomé, rencontre de trois jours devant leur permettre de mieux maitriser des problématiques des droits des enfants et le contenu des principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’enfant. Il s’agit concrètement d’un atelier de réflexion sur l’intégration des compétences-clés aux droits de l’enfant dans la formation et la pratique des policiers et des gendarmes.
Les travaux qui se déroulent à l’Hotel Eda Oba, ont été ouverts par le ministre de l’administration territoriale Gilbert Bawara, représentant son collègue de la sécurité le Colonel Yark Damehane.
Plusieurs personnalités parmi lesquelles Dr Viviane Van Steirteghem (Représentante de l’UNICEF au Togo), Tharcisse Urayeneza (Représentant Régional de l’Organisation internationale de la Francophonie – OIF-) et Mme Najat Malla M’jid (Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants) étaient à la table d’honneur à l’ouverture de cet atelier.
Dans la salle, on notait également la présence de certains diplomates et représentants d’organisations internationales dont Joseph Weiss, l’ambassadeur d’Allemagne au Togo et Mme Olatokunbo IGE, la représentante du bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH-Togo).
La rencontre de Lomé est organisée par l’UNICEF, le Bureau International pour les Droits de l’Enfant (IBCR), l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et Save the Children en collaboration avec le ministère togolais de la sécurité et de la Protection Civile. Elle permettra aux participants de faire le point sur les avancées en matière d’intégration des compétences clés que tout agent des forces de sécurité devrait maîtriser afin de respecter et de faire respecter les droits de l’enfant.
Cet atelier vise également à faire connaître le travail entamé par plusieurs écoles de formation des forces de police et de gendarmerie en Afrique de l’Ouest et du Centre notamment le Togo, la Guinée, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun.
Les participants établiront un état des lieux et analyseront les stratégies mises en place dans ces six pays qui ont rejoint le programme en 2012. Ils compareront les outils et les résultats obtenus, favoriseront l’échange des bonnes pratiques et la mise en réseau des écoles.
L’atelier de Lomé se veut donc un « lieu de partage » pour présenter l’état des lieux, comparer les résultats et les outils développés, faire ressortir les leçons apprises et améliorer ainsi les approches et les pratiques des policiers et des gendarmes. Il s’inscrit dans un processus de dissémination et de promotion des droits de l’enfant dans la pratique policière.
Selon le représentant Régional de l’OIF, les enfants sont les dépositaires du monde à venir, c’est-à-dire, les responsables de demain: « l’OIF est fortement mobilisée et engagée pour la promotion et la protection des droits de l’enfant, car le monde de demain se prépare avec les enfants d’aujourd’hui ».
« Il serait donc dérisoire et illusoire d’envisager un monde meilleur, apaisé et prospère où règnent la démocratie et l’Etat de droit sans se préoccuper des droits des enfants », a souligné Tharcisse Urayeneza.
Pour la Représentante de l’UNICEF au Togo, le rôle des policiers et des gendarmes dans la protection de l’enfant est important, « il est nécessaire qu’ils puissent acquérir toutes les connaissances nécessaires sur les droits de l’enfant, mais surtout ils doivent être encouragés et soutenus pour pouvoir appliquer ces connaissances dans leur pratique au quotidien ».
« Reconnaissons que souvent les situations auxquelles les gendarmes ou policiers peuvent se trouver confrontés ne sont pas faciles à gérer quand il s’agit d’enfants en danger, ou d’enfants se mettant eux-mêmes en danger. Ces situations demandent souvent beaucoup de prudence, d’écoute, de tact et bien d’autres compétences qui doivent être enseignées de préférence dès l’école de formation », a relevé Dr Viviane Van Steirteghem.
« Mais même si tous ces apprentissages n’ont pu être réalisés durant la formation initiale, il y a des opportunités de rattrapage », a-t-elle souligné.
Au Togo, depuis plus de trois ans, le ministère de l’action sociale, chargé de la Protection de l’enfant, en collaboration avec le ministère de la sécurité et avec l’appui de l’UNICEF, a œuvré à la formation des officiers de la police judiciaire déjà en fonction sur les principes et standards internationaux de justice pour mineurs afin de les outiller à mieux prendre en charge les cas d’enfants victimes ou auteurs d’infractions qui leur sont présentés. Ainsi 315 Officiers de Police judiciaire ont été formés entre 2012 et 2013 sur la justice réparatrice et restauratrice des mineurs en conflit avec la loi.
« Ce renforcement des capacités a amélioré considérablement la collaboration entre les forces de sécurité et les travailleurs sociaux en matière de protection de l’enfant. Aujourd’hui 53 unités de police, soit près d’un tiers des unités de police, impliquent systématiquement les travailleurs sociaux à la gestion des cas d’enfants en conflit avec la loi, tous les policiers et gendarmes formés tiennent un registre spécial dans lequel ils identifient l’enfant conformément à l’article 389 du Code de l’enfant », a précisé Dr Viviane Van Steirteghem
A en croire le ministre de l’administration de l’administration territoriale, le choix porté sur le Togo pour abriter la rencontre de Lomé, n’est pas le fait du hasard, car le Togo « a été l’un des pionniers dans la région à intégrer un cours permanent et obligatoire sur les droits de l’enfant, dans le curriculum de formation des forcées armées ».
« Aujourd’hui, tous les éléments appelés à participer aux activités de maintien de la paix sont bien outillés sur la protection des enfants qui, comme nous le savons, constituent un groupe dont la fragilité et la vulnérabilité sont exacerbées par les situations de conflits », a affirmé Gilbert Bawara dans son discours d’ouverture.
« Cette année, le gouvernement togolais a pris l’engagement ferme de faire en sorte que, d’ici la fin de 2013, les curricula de formation initiaux des forces de sécurité intègrent un cours permanent, obligatoire et conséquent sur les droits des enfants », a ajouté le ministre. FIN
Junior AUREL
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