Feu rouge stop! L’atout shopping pour les vendeurs ambulants à Lomé (REPORTAGE)

Si le Loméen ne va pas au commerce, alors c’est le commerce va vers lui. C’est le leitmotiv ou presque que les vendeurs ambulants pourraient scander. La diversité des produits proposés forcent l’admiration. On peut trouver de tout, en partant du paquet de chewing-gum, de jeux de société, des pièces détachées pour la voiture, couchettes, tranches de mangue, sandalettes ou plus incongru encore, téléviseurs ou même des laisses pour chien. Les citer tous serait impossible et c’est bien cet aspect qui les rend si typiques.

Leur «magasin» s’invente chaque jour dans n’importe quel coin de rue et plus précisément, aux feux de signalisation. Point stratégique ou le feu rouge est leur meilleur allié et le vert, leur pire cauchemar. Slalomant entre les voitures, les marchands ambulants tentent les automobilistes et autres passagers en exhibant leurs marchandises. Ces vendeurs-baroudeurs courent sans cesse le risque de se faire écraser par des automobilistes trop pressés ou des motards distraits. Un danger connu des protagonistes, sans pour autant les freiner dans leurs activités.

La crise économique, le principal moteur

Admettre la possibilité chaque jour de se faire écraser est devenu une banalité. Comme c’est le cas pour Patrick, vendeur ambulant de chiffon pour nettoyer les vitres au niveau des feux tricolores de la station Total d’Atikoumé.

« C’est dangereux de mener cette activité, mais je n’ai pas le choix », commente-il courageusement au milieu des voitures et conducteurs de taxi-motos.

Patrick exerce ce job depuis 5 ans déjà et ce n’est pas par choix, mais bien à cause de la sempiternelle crise économique qui secoue le pays.

« Je suis frigoriste et j’ai fini l’apprentissage depuis plus de 7 ans. J’ai mon diplôme, mais pas de travail. Je suis obligé de me lancer dans cette activité », déblatère-t-il excédé. Alors pour  » joindre les deux bouts », il faut bien essayer de trouver une combine: se débrouiller. La vente dans les feux tricolores reste lucrative. Il suffit de suivre les bonnes étapes d’un commerçant astucieux.

« Moi, j’achète en gros au marché de Hedzranawoé. Par exemple un grand pagne rempli de chiffons me revient à 400 F.CFA, alors que je revends ces chiffons à 100 F CFA l’unité », explique Kossivi, l’ami de Patrick, le sourire aux lèvres

Le profit est évident et Kossivi ne le cache pas. Sur 10.000 F CFA de produits achetés sur le marché, il en récupère plus de 100% de bénéfice. Cette réussite commerciale a toutefois un prix, il faut affronter sans cesse les intempéries.

Une galère pour Sékina et Idrissou, jeunes vendeurs de produits divers aux feux tricolores, juste avant le rond-point à Klikamé.

« Quand il pleut, on protège la marchandise avec des plastiques, mais on est quand même là ! », lance la jeune Sékina âgée de 20 ans. Arpentant la chaussée avec ses poches d’eau sur la tête, la jeune vendeuse n’affiche pas une mine réjouie : « en ce moment, cela se vend mal. Le minimum que l’on arrive à faire par jour c’est deux sacs de poches d’eau à 750 F CFA ».

Pour cette jeune fille, ce métier nourrit « quand même » son homme, mais ce n’est pas la panacée. De toute façon, elle n’a pas le choix.

« Il n’y a rien. Je suis obligée de mener une activité pour vivre. Je préfère me débrouiller de cette manière au lieu de me prostituer comme le font certaines filles », lâche Sékina.

Ce métier, en plus d’être périlleux, est éreintant, car il faut être en « poste » très tôt le matin pour arracher les premiers clients – notamment les fonctionnaires – qui vont au service.

Pour Sékina, le travail commence à 6H30 du matin et finit au delà de 19H.

Pendant les vacances, elle a été appuyée dans ses activités par son petit frère Idrissou, âgé seulement de 12 ans. Un petit job d’appoint que le jeune écolier a juste exercé pour palier certaines dépenses.

Mais attention, Sékina ne compte pas stationner dans les feux tricolores toute sa vie. Elle espère trouver un travail pour enfin passer, elle aussi, au « feu vert ». FIN

Johana Caruso (stagiaire)

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