Assis devant une table sur laquelle sont disposées quelques bouteilles remplies d’essence, Koffi fait le compte des activités de la journée.
« La journée n’a pas été mauvaise, car je peux rentrer chez moi avec au moins 2.500 F.CFA de bénéfice », se réjouit Koffi, 33 ans, maître tailleur. Ce dernier s’est reconverti depuis trois ans dans la vente de l’essence frelatée, moins chère.
Bien situé au bord d’une rue, ce jeune couturier raté ne se gêne pas pour faire de bonnes recettes. Ces « clients » connaissent bien le coin.
A l’instar de Koffi, beaucoup de jeunes se sont lancés ces dernières années dans la vente de l’essence, oubliant les risques énormes liées à cette activité. Ainsi, on les retrouve (ces vendeurs) partout à Lomé, malgré plusieurs opérations – Entonnoir I et Entonnoir II – déclenchées par les autorités compétentes pour décourager ces vendeurs.
La plupart des clients de ces vendeurs illicites sont des conducteurs de taxi-motos, communément appelés « Zémidjans ».
Selon des enquêtes de l’Agence Savoir News, au moins 8 zémidjans sur 10 s’approvisionnent auprès de ces vendeurs à la sauvette d’essence. A entendre certains vendeurs de « boudè » (essence frelatée dans le jargon populaire), l’activité nourrit bien son homme.
Agbo, installé dans un quartier périphérique, engrange au moins un bénéfice journalier de 4.000 F.CFA : « il arrive des jours où je rentre avec 6.000, voire 8.000 F.CFA ».
« Si je trouve autre chose, je vais abandonner cette activité. Dans le cas contraire, je continuerai, car je dois vivre. J’ai une femme et des enfants », a confié Agbo, frigoriste.
Bien vrai, pas d’emplois, le chômage est présent dans le milieu des jeunes. La plupart des vendeurs d’essence sont de jeunes diplômés sans emplois. Mais, doit-on se livrer à n’importe quelle activité en mettant sa vie et celle des autres en danger?
« La vente d’essence est une activité assez dangereuse au regard des ravages et dégâts causés. Je crois que les autorités doivent changer de stratégies, afin que cesse cette activité. Sincèrement, c’est pas du tout bon », a affirmé Chantal, revendeuse de charbon à Nukafu.
« Il y a certains qui n’hésitent pas à stocker ces produits dans des maisons. Alors que nous savons tous que l’essence est hautement inflammable. Nous avons vu à plusieurs reprises, des dégâts causés », a-t-elle souligné.
Selon de récentes statistiques du ministère de la sécurité, on dénombre plus de 780 points de vente illicite d’essence frelatée. Ce produit a déjà causé beaucoup de dégâts et de désolation dans plusieurs familles à Lomé et à l’intérieur du pays. En plus, cette activité illicite crée un manque à gagner à l’Etat, notamment à la douane togolaise.
Pour Amina, outre des opérations menées par les forces de l’ordre, le gouvernement doit mettre l’accent sur la sensibilisation.
« Le gouvernement doit mettre un accent particulier sur la sensibilisation. Des séances d’explications, appuyées par des projections de documentaires sur des dégâts causés par l’essence, peuvent amener les vendeurs d’essence à abandonner cette activité », a indiqué Amina, étudiante à l’Université de Kara.
« Moi je souhaiterais qu’une campagne de sensibilisation de porte à porte. Les autorités doivent impliquer les comités de développement des quartiers ou des villages dans cette lutte. Ainsi, des séances de sensibilisation seront organisées sur des places publiques, avec des projections de quelques images, pour toucher le cœur des gens », suggère de son côté, Zifouné, membre d’une Ong de défense des droits des enfants. FIN
Ambroisine MEMEDE
Savoir News, La Maison de l’INFO
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