Le ministre de la justice, Tchalim Tchitchao, a ouvert ce mercredi à Lomé, les travaux d’une conférence de deux jours sur la mise en œuvre du Projet « Atlas de la Torture » au Togo, en présence du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture Manfred Nowak, a constaté l’Agence Savoir news.
La Représentante du bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH-Togo), Mme Olatokunbo IGE et la ministre des Droits de l’Homme, de la Consolidation de la Démocratie et de la Formation Civique étaient également présentes.
Prennent part à cette conférence des magistrats, des représentants de la police judiciaire et des acteurs de la société civile.
Cette rencontre, initiée par l’Union chrétienne des Jeunes Gens (UCJG) et financée par l’Union européenne (UE), permettra aux participants d’échanger sur les défis majeurs dans la lutte contre la torture et les mauvais traitements, afin d’identifier les stratégies nécessaires pour surmonter les défis liés à la torture.
Le budget total du Projet « Atlas de la Torture » est estimé à 1.724.110 EUR et l’UE participe à hauteur de 1.379.202 EUR (80% du montant total).
L’objectif spécifique de cette rencontre qui a pour thème : « Œuvrer pour un monde sans torture : suivi des recommandations du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture- principaux défis et stratégies » est d’arriver à mieux comprendre le phénomène de la torture et les mauvais traitements au Togo et à identifier les mesures afin de remédier aux lacunes.
Selon Sylvain SCHULTZE, représentant la Délégation de l’UE au Togo, le Projet « Atlas de la Torture » est d’une « importance fondamentale dans le contexte togolais.
« Comme l’on précisé nos partenaires, lutter contre les traitements inhumains et la torture s’inscrit dans le cadre global des recommandations relatives aux garanties de non-répétition présentées comme telles dans le rapport de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). C’est aussi et par ailleurs une projection dans l’avenir, celle à terme de renforcer l’Etat de Droit et par la même la cohésion nationale et le « vouloir vivre ensemble » au Togo. C’est en ce sens une initiative essentielle », a-t-il souligné.
« Nous pouvons d’ores et déjà nous féliciter du travail remarquable accompli par nos partenaires Ludwig Boltzann Institute, YMCA et M. Manfred Novak grâce à la collaboration active des parties prenantes au processus, et notamment des ministères concernés. Le plus important reste néanmoins à faire : construire ensemble des solutions pour le futur pour s’assurer que les traitements inhumains et la torture ne se reproduisent pas. C’est le but de cette rencontre et des ateliers à venir et je ne peux que me féliciter d’une participation aussi massive à cet évènement », a précisé M.SCHULTZE.
Pour Sowou Edem, président de l’UCJG, cette rencontre d’échange est une contribution évidente à la mise en œuvre des recommandations de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) et du rapport de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), suite aux allégations de torture dans l’affaire d’atteinte à la sureté de l’Etat.
La Représentante du bureau du HCDH-Togo a pour sa part exhorté le gouvernement à accélérer le processus de prestation de serment des nouveaux membres de la CNDH.
« Le gouvernement doit prendre en compte les recommandations de prévention de la torture et encourager le processus de lutte contre la torture », a souligné Mme Olatokunbo IGE .
Manferd Nowak, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture a de son côté reconnu que depuis 2007, le gouvernement togolais à toujours coopérer dans le domaine de la prévention contre la torture, aboutissant à l’abolition de la condamnation à la mort.
« J’ai constaté une amélioration dans la lutte contre la torture, mais il reste beaucoup à faire, car les conditions de détention restent difficiles. Je suis aussi content de savoir que le gouvernement a pris et mis en pratique certaines recommandations. Nous avons en mai 2012 fait une mission d’évaluation au Togo et le constat est prometteur », a-t-il indiqué.
Pour éliminer la torture, il faut la connaître dans ses contours, les textes qui la fondent, ses sanctions, les moyens de sa répression et les voies pour la prévenir, a indiqué le ministre de la Justice, Tchalim Tchitchao.
Il a par ailleurs reconnu que l’engorgement des prisons a créé de graves problèmes sanitaires et d’assainissement qui ont trouvé solution dans un vaste projet qui a démarré à Lomé et va se poursuivre à l’intérieur du pays.
S’agissant des cas de torture, il a précisé qu’il serait hypocrite, voire malhonnête de faire croire qu’il n’existerait pas de cas de bavures dans les lieux de détention pour les besoins d’enquête de police, le contrôle des unités de police et de gendarmerie disséminées sur toute l’étendue du territoire.
« Il faut que le code pénal et le code de procédure pénale révisée sortent. Il y a urgence et le gouvernement s’atèle à faire aboutir le plus rapidement possible la procédure d’adoption du nouveau code pénal pour rendre désormais possibles les poursuites effectives de personnes soupçonnées de torture ou autres traitements inhumains et dégradants », a-t-il ajouté. FIN
Nicolas KOFFIGAN
Savoir News, La Maison de L’INFO
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