Le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, le colonel Ouro Koura Agadazi a échangé ce mardi à Atakpamé (environ 175 km au nord de Lomé), chef lieu de la préfecture de l’Ogou, avec des paysans membres de la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton (FNGPC) venus de la région des Plateaux, a constaté Savoir News. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une tournée entreprise par le ministre depuis quelques jours.
Organisée conjointement avec les responsables de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT), cette rencontre vise à donner plus d’éclaircissements à tous les acteurs de la production cotonnière et surtout à rassurer chaque partie, afin de préserver le climat de confiance pour avoir des résultats meilleurs des campagnes agricoles à venir.
Cette rencontre qui a vu la participation de plus de 500 producteurs de coton, s’inscrit dans le cadre de la nécessité de les tenir informer sur les malversations récemment constatées au sein de la FNGPC et d’échanger avec eux sur leurs éventuelles préoccupations.
Le directeur de région cotonnière centre, N’ssougan Kadayi a expliqué que 16.012 hectares de champ de coton sont exploités cette année dans la région des Plateaux-nord, contre 11554 hectares, la saison dernière, soit un accroissement de 40% et que les emblavures ont été effectuées par 11500 producteurs répartis dans 465 groupements de producteurs cotonniers (GPC).
« Avec la NSCT, la production a repris progressivement après la crise. Nous attendons une production de 16.000 tonnes pour cette campagne agricole. Les sommes versées aux producteurs sont passées de 260 millions de francs CFA au cours de la campagne 2009-2010 à près de 1,5 milliards de francs la campagne agricole 2010-2011 », a-t-il déclaré.
Il a enfin reconnu que les résultats ont été obtenus, certes avec la mobilisation de tous les acteurs de la filière cotonnière, mais surtout grâce à l’engagement des producteurs.
Le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, a apporté aux producteurs un message relatif à la crise qui s’est déclenchée dans la filière qui à peine vient de connaître une relance.
En effet, suite à la hausse du prix sur le marché international, au cours de la campagne 2010-2011, la NSCT a dégagé un excédent qui devrait être rétrocédé aux producteurs. A ce jour, une partie de ce fonds a été restituée sous forme de complément de prix qui s’élevait à 25F/kg, et un montant de 400 millions a fait l’objet de malversation par le président du conseil d’administration de la FNGPC.
« Dans le cadre du programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA) et pour le compte du Projet d’appui au secteur agricole (PASA), une convention est en cours de signature avec la Banque mondiale pour un appui institutionnel. Cet accompagnement va permettre à la FNGPC et ses structures de base qui aujourd’hui sont des groupements à migrer vers des sociétés coopératives selon les nouvelles dispositions de l’Organisation pour l’Harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA) », a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs ajouté que le financement de la banque sera dégressive pendant 5ans à raison de 80% l’année1, 60% l’année2 ; 40% l’année 3 ; 20% l’année 4 et 0% l’année 5. Et pour cela, la banque a exigé une contrepartie de l’Etat qui devait se loger dans un compte du PASA.
« Eu égard à l’excédent dégagé sur la campagne 2010-2011, les producteurs ont décidé de mettre de côté la somme de 400 millions qui devra servir à alimenter ce compte PASA ».
Mais le président du conseil d’administration s’est approprié ce patrimoine commun aux producteurs de coton. Il a drainé avec lui dans sa démarche frauduleuse, certains producteurs à qui il a accordé des prêts préférentiels à remboursement de longue durée bien qu’aucune disposition statutaire ne prévoit une telle pratique »
« Dans son rôle de préservation des intérêts de la population, le gouvernement a pris un certain nombre de dispositions pour éviter de replonger la filière dans une nouvelle crise: la dissolution du conseil d’administration de la FNGPC. Un comité provisoire qui sera l’émanation des paysans va être mis en place dans un bref délai proche pour évacuer les affaires courantes et préparer le renouvellement des organes de la faitière dans au plus deux mois et un comptable public sera déployé pour accompagner le comité provisoire durant les deux mois », a souligné le ministre.
Selon Obossou Sèlolo, producteur de coton à Atchinédji, dans la préfecture d’Anié, l’important pour eux ce n’est pas une quelconque malversation financière, mais que le prix du kilogramme de coton soit revu à la hausse et que la NSCT diminue le prix de l’herbicide.
« Au Bénin à côté, le prix du kilogramme de coton est à 300 francs CFA, par contre chez nous, c’est 230 francs. Ce n’est pas bon et cela n’avantage pas nous qui sommes producteurs de coton. La NSCT nous vend l’herbicide à 6000 francs, c’est trop cher. Je souhaite que les autorités se penchent sur ces deux points essentiels pour nous aider », a-t-il souligné.
Les producteurs de coton ont profité de l’occasion pour formuler des doléances à l’endroit du ministre, afin qu’il œuvre pour la multiplication des points de vente d’engrais et qu’il s’active pour que de telle malversations ne se reproduisent plus.
« Nous avons proposé que dans le cadre du renouvellement des organes de la FNGPC, qu’une enquête de moralité soit faite afin d’écarter les candidats véreux. Nous n’avons pas assez d’engrais et pour nous déplacer jusqu’à Atakpamé pour l’avoir, ce n’est pas facile. Nous demandons au ministre de mettre de l’engrais à notre disposition dans nos cantons », a suggéré John Adodo, membre du GPC Akparé dans la préfecture d’Anié.
Rappelons que la NSCT a été créée, suite à la dissolution en Conseil des ministres le 23 janvier 2009, de la Société Togolaise de Coton (SOTOCO), secouée notamment par la mauvaise gestion. La NSCT est une société d’économie mixte où l’Etat togolais détient 60% des parts, les 40% restant revenant aux producteurs de coton. Avec un début d’activité très difficile, la Nouvelle Société Cotonnière du Togo a enregistré un résultat déficitaire de plus de 262 millions de F.CFA. à fin décembre 2009, avec une production d’environ 28.000 tonnes. Cette production était largement en dessous du niveau de production qui permet d’arriver à une situation d’équilibre. Il faut une production d’au moins 40.000 tonnes pour s’attendre raisonnablement à une marge.
L’année suivante, cette société a engrangé un bénéfice de 370 millions de F.CFA pour une production de 46.000 tonnes. En 2011, la production est estimée à plus de 79.000 tonnes pour un bénéfice de plus de 976 millions de F.CFA. FIN
D’Atakpamé, Nicolas KOFFIGAN
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