Le droit à la manifestation est garanti par la Constitution togolaise. Mais qu’est-ce qu’une manifestation? Selon de grands maîtres de conférences en science politique, une manifestation est une action collective, un rassemblement organisé dans un lieu public ou un défilé sur la voie publique, ayant pour objectif de rendre public le mécontentement ou les revendications d’un groupe, d’un parti, d’un collectif, d’une ou plusieurs organisations syndicales, etc… La manifestation peut aussi avoir un caractère symbolique ou de soutien à une cause. Elle est l’un des éléments de l’expression démocratique.
Selon Raymond Claude Ferdinand Aron, philosophe, sociologue, politologue et journaliste, « la démocratie suppose l’existence d’une pluralité d’options et de propositions, généralement incarnées dans des partis et des leaders ayant la liberté de s’opposer et de critiquer le gouvernement ou les autres acteurs du système politique.
La démocratie exige aussi que les grandes libertés soient reconnues: liberté d’association, liberté d’expression et liberté de presse. Juridiquement, une démocratie s’inscrit dans un État de droit; culturellement, elle nécessite une acceptation de la diversité.
Alors pourquoi enregistre-t-on parfois des casses de biens publics et privés, accompagnées de violences lors des manifestations publiques? N’est-ce pas l’absence de l’acceptation de la diversité qui entraîne tout cela?
« Nous sommes dans un pays où on veut toujours contraindre son prochain à accepter ce qu’on fait. Même lors des discussions, votre camarade ne conçoit pas que pouvez avoir des opinions contrairement aux idées qu’il développe. Nous devons changer de comportement », a confié Adoua, agent de l’Etat.
« Depuis la semaine dernière, mon collègue ne me salue plus, juste parce que je n’ai pas épousé des idées qu’il développait, suite aux manifestations du collectif +Sauvons le Togo+. On doit s’accepter, on doit écouter son prochain. Nous ne devons pas penser que c’est nous qui avons raison. Ce sont des comportements que nous transportons dans les rues lors des manifestations », a-t-il souligné.
Pour Christiane, sociologue dans un centre de réinsertion des jeunes filles en situation de prostitution, « nous avons tout simplement perdu le sens du civisme ».
« Le bon sens demande à ce qu’on préserve le bien public, qu’on ne casse pas les biens de son prochain. Le bon sens demande à ce qu’on ne violente pas son prochain. Je suis contre les actes de vandalisme (casses et violences) qu’on observe lors des manifestations. Je suis également contre les gaz lacrymogènes lancés lors des manifestations. Tout ça, c’est pas bon », a-t-il souligne-t-elle.
Au moins 21 policiers, 13 gendarmes et plusieurs civils ont été blessés, selon un bilan publié par le gouvernement, suite aux manifestations du Collectif « Sauvons le Togo ».
Ces manifestations se sont soldées par des destructions de biens publics et privés, des voies de fait et agressions exercées volontairement contre de paisibles citoyens. Le siège du parti UFC a été cassé par les manifestants (…), selon le gouvernement.
Pour le Collectif, au moins 119 personnes ont été blessées dont 56 cas graves.
« Je me demande si les togolais ont besoin de ces guerres de chiffres, après une manifestation publique. Nous devons nous ressaisir. Que les manifestations soient pacifiques et que ceux qui organisent leurs marches, laissent également les autres vaquer librement à leurs activités. Cela nous évitera des casses et des violences », précise Edem, caissière dans une pharmacie à Lomé.
« Les organisateurs des marches doivent également sensibiliser leurs militants; c’est très important. Ils doivent surtout leur apprendre qu’ils ne doivent pas lancer des projectiles aux forces de l’ordre venues assurer leur sécurité. Ils ne doivent pas les provoquer. Les forces de l’ordre doivent aussi bien jouer leur rôle, éviter surtout de lancer des gaz lacrymogène n’importe comment ». FIN
Edem Etonam EKUE
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