Près de la moitié de la population togolaise est âgée de moins de 18 ans et environ 29% des enfants âgés de 5 à 14 ans sont utilisés pour des activités économiques et domestiques, selon de récentes statistiques.
Plus de 90% de ces enfants sont des filles, affichent les mêmes chiffres.
On rencontre ces enfants presque partout dans la ville, notamment dans les marchés avec de petites marchandises sur la tête.
« Je vends pour ma tutrice. Elle est institutrice dans une école », confie Adjoua, 12 ans, rencontrée au marché de Hedzranawoé, une petite glacière remplie de jus de citron et de bissap sur la tête.
Non loin d’elle, Ayaba, 14 ans, transporte sur la tête quelques beignets que lui a confiées sa tante. Elle vend ces beignets depuis trois ans.
« Je dois me lever tous les jours à 5 heures pour aider ma tante à faire les beignets. A la fin, je dois me rendre dans une petite école à côté de notre maison pour vendre les beignets, avant de continuer au marché. Elle me frappe si je ne vends pas tout avant de rentrer. Parfois, elle me frappe et ne me donne pas à manger la nuit », raconte Ayaba.
« Ma tante a 4 enfants et tous ces enfants vont à l’école. C’est mon oncle qui m’a laissé chez ma tante, après le décès de mon père. Ma mère est décédée quand j’étais toute petite» » indique la petite Ayaba.
Comme Ayaba, bon nombre d’enfants domestiques font l’objet de mauvais traitements, selon des sondages de la rédaction de l’Agence Savoir News.
A Lomé, 8 enfants sur 10 affirment être mal traitées par leurs tutrices.
Ces enfants domestiques sont les derniers à se coucher et les premiers à réveiller. Ils sont soumis à toutes formes de travaux domestiques.
Certaines filles (entre 16 et 18 ans) sont également victimes de violences et d’abus sexuelles.
« Les enfants domestiques sont mal traités dans nos ménages. C’est l’esclavage des temps modernes. Ils sont soumis à toutes sortes de travaux. Pire, ils subissent de véritables châtiments corporels », déplore Alain, maître couturier à Adéwui.
« Ils sont exploités à longueur de journée par leur tuteur ou tutrice. On leur confie des tâches qu’on ne peut pas confier à ses propres enfants. En plus, ils sont mal nourris et mal logés », décrit Alain, très furieux.
La ligne verte « Allô 111 » installée en janvier 2009 par le ministère des affaires sociales, afin de dénoncer toutes formes de violences sur les enfants a montré ses limites, car la situation persiste.
« Ce n’est plus une question de ligne verte, mais plutôt de sensibilisation. Il faudrait que le gouvernement mette un accent particulier sur des campagnes de sensibilisation dans nos grandes villes », suggère Alice, revendeuse de pagne au grand marché de Lomé.
« Nous devons sensibiliser nos sœurs, car ce sont elles surtout qui exercent des violences sur les enfants qui sont là pour leur donner un coup de main. Elles doivent considérer les domestiques comme leurs propres enfants. C’est très important », souligne Alice.
Pour Visso, responsable dune buvette à Kodjovioakopé, les autorités doivent sévir pour décourager tous ceux qui maltraitent les enfants.
« Je suis peiné quand je vois des enfants sous le chaud soleil en train de vendre, alors que les tuteurs ou tutrices sont à la maison avec leurs propres en train de se donner du plaisir, déplore t-il
« C’est vraiment malheureux. Ces enfants sont corrigés de façon exagérée. Et ce sont les femmes qui connaissent la douleur de l’enfantement et l’importance d’un enfant qui s’adonnent à ces pratiques », ajoute-t-il. FIN
Edem Etonam EKUE
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