La « mission d’évaluation » entamée depuis jeudi par les membres du Comité d’orientation et de Suivi du Programme Conjoint des Communes du Millénaire (PCCM) dans les Communes de Naki-Est et de Kountouaré, s’est achevée ce samedi, à constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
Ces deux localités situées dans la région des Savanes (Nord), avaient été choisies pour la phase pilote de ce Programme à partir des critères consensuels et objectifs sur la pauvreté et la vulnérabilité.
Au total dix « communes du Millénaire » ont été identifiées dans quatre régions les plus démunies du pays: la région des Savanes, la région de Kara, la région Centrale et la région Maritime.
Aujourd’hui, le PCCM arrive à terme de sa phase pilote et ses activités seront conclues à la fin de cette année. D’où cette « mission conjointe d’évaluation » du Comité d’orientation et de Suivi dudit Programme dans les deux localités.
Conduite par Mme Kardiata Lo N’Diaye , coordonnateur du Système des Nations Unies au Togo, cette mission – organisée conjointement par l’ensemble des agences du système des Nations Unies et le ministère du développement à la base (qui assure la tutelle du Programme) – est allée toucher du doigt l’état d’avancement des activités sur le terrain et a profité de l’occasion pour écouter les bénéficiaires et les partenaires qui ont contribué à l’exécution du PCCM depuis 2009.
Etait également dans cette délégation, Yawotse Vovor, directeur de cabinet dudit ministère.
Une dizaine de projets réalisés ont été visités par la coordonnatrice du Système des Nations Unies au Togo et sa suite dans les deux localités: des cantines scolaires et écoles d’initiatives locales, de forage, de centre de pisciculture, des centres de santé, de bas-fonds aménagés pour accroître le rendement des producteurs et des plateformes multifonctionnelles, l’un des projets ayant retenu l’attention des membres de cette mission.
« Grâce à la plateforme multifonctionnelle installée dans notre milieu, nous ne faisons plus des kilomètres pour moudre nos céréales. En plus, le système nous a permis d’électrifier le nouveau marché que nous avons installé. En plus, nous chargeons nos téléphones portables », se réjouit N’Nani, responsable d’un groupement de femmes chargé de gérer la plateforme multifonctionnelle installée à Kountouaré.
« Mais nous sommes confrontées à certaines difficultés liées surtout aux pannes répétées des moteurs. En plus, nous n’avons pas de pièces de rechange. Nous fermons parfois pendant des jours nos portes, en cas de panne », souligne-t-elle.
Les mêmes difficultés ont été soulevées par le groupement des femmes, chargé de la gestion d’une autre plateforme multifonctionnelle installée au centre de Naki-Est.
Notons que les plateformes multifonctionnelles sont des structures d’énergie décentralisées constituées d’un moteur diesel entraînant divers modules de transformation de produits agricoles notamment des moulins, des décortiqueuses, des malaxeuses, des concasseuses, des égreneuses, des broyeurs, des presses a huiles, selon les besoins des communautés.
Elles sont également équipées d’un alternateur fournissant de l’énergie pour l’électrification des villages et pour des opérations de soudure, d’aiguisage, de menuiserie, de charges de batteries de voiture et de portable.
Les plateformes sont conçues pour se substituer à la force motrice des habitants dans les zones rurales, d’alléger leurs corvées quotidiennes, de renforcer l’autonomie financière des femmes et de générer des emplois au niveau local.
Un projet ayant marqué la mission d’évaluation est le Centre de pisciculture installé à Kangounou dans la Commune Kountouaré depuis février 2011 et géré par un groupement dont des membres ont été formés pour l’implantation du projet.
« Nous n’avons jamais pensé élever des poissons dans notre milieu. Nous maîtrisons toutes les techniques pour la composition de leurs nourritures », se vante Yaya, l’un des responsables de ce groupement composé de 29 membres dont 16 femmes.
Egalement de matériels offerts gratuitement à des artisans
Outre des projets visités, de matériels ont été également offerts à une soixantaine de jeunes artisans de Naki-Est et de Kountouaré, ayant suivi
des formations en février dernier. Ces artisans sont pour la plupart des maçons, des menuisiers, des électriciens, des mécaniciens et des soudeurs.
« Cette mission a été une belle occasion pour nous rendre compte de la façon dont les actions de développement sont implantées à la base. Nous avons vu des projets qui touchent directement aux besoins prioritaires des populations dans les domaines de l’agriculture et des aménagements piscicoles, les plateformes multifonctionnelles qui sont en phase de démarrage au Togo etc… Nous savons que le Togo va bénéficier de l’expérience des autres pays comme le Burkina qui ont une expérience de plus de 10 ans », a indiqué Mme Kardiata Lo N’Diaye.
« Nous avons vu que ces équipements répondent réellement aux préoccupations des populations, notamment l’allègement des travaux des femmes, mais également à l’énergie solaire. Nous avons aussi écouté l’appréciation des populations et des autorités locales. Il est permis sur un autre volet, de renforcer les capacités des organisations locales. Nous avons vu des plans de développement locaux mis en place de façon participative et l’ensemble des investissements non seulement des Nations Unies, mais des partenaires qui s’intègrent dans ces plans de développement. Il y a des résultats, mais il reste beaucoup à faire, parce que le Programme n’a eu que trois ans », a-t-elle précisé.
« Nous allons profiter de l’achèvement de cette phase, en rapport avec le ministère du développement à la base pour voir quelle suite nous pouvons ensemble donner à ce projet en améliorant , mais en poursuivant des activités qui ont démontré un réel impact sur la lutte contre la pauvreté », a indiqué Mme Kardiata Lo N’Diaye.
Bénéficiaires, organisations locales et comité de pilotage pour la poursuite du Programme
Tout comme les bénéficiaires et organisations locales, les membres du comité de pilotage du Programme conjoint des Communes du Millénaire appellent à la poursuite de ce Programme.
« Nous n’avons pas encore mesuré les effets, parce qu’il faut encore attendre 4, voire 5 ans. Quand on s’en tient aux résultats immédiats, le projet a été bien réalisé », a pour sa part souligné Pakédame Nam, président du Comité régional de pilotage du Programme.
« Notre position au niveau du comité régional de pilotage est claire: il va falloir qu’il y ait une phase d’extension, c’est-à-dire une phase de consolidation. Nous souhaitons que ce Programme atteigne les 10 Communes comme cela a été prévu », a-t-il ajouté.
Rappelons que le projet « Villages du Millénaire », dénommé « Communes du Millénaire » au Togo, en raison de la loi sur la décentralisation qui crée des communes rurales, est né en 2005 d’un partenariat entre l’Université de Columbia aux États-Unis et l’ONU en vue de l’atteinte des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
D’un coût estimé à environ 9,5 milliards de F.CFA, ce Programme vise le développement des communautés rurales africaines dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de l’environnement, de l’économie, de l’énergie, et leur autonomisation rendue possible par une prise de conscience collective. FIN
En Photo: Mme Kardiata Lo N’Diaye à pied d’oeuvre au forage de Naki-Est
De Kountouaré, Junior AUREL
Savoir News, la Maison de L’INFO
www.savoirnews.net, l’info en continu 24/24