Une mission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) conduite par Edem Kodjo, ancien Secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, l’actuelle Union Africaine) et Président de la Fondation Pax Africana, a permis à la classe politique en Guinée de renouer le dialogue, longtemps rompu.
Edem Kodjo, l’envoyé spécial de la CEDEAO en Guinée, peut être satisfait de sa mission effectuée du 9 au 12 novembre à Conakry.
A peine a-t-il quitté la capitale guinéenne, que le Président de la République, Alpha Condé, avec lequel il a eu un long entretien, a entamé cette semaine une série de rencontres avec la classe politique. En dépit d’une présidentielle réussie et du satisfecit de la communauté internationale, la Guinée est comme à nouveau plongée dans une crise politique. Depuis plusieurs mois, le président et la classe politique ne se parlent plus, et la réconciliation nationale tant souhaitée n’avance guère.
Le retard pris par dans l’organisation des élections législatives, nœud gordien de la crise, alimente de fortes tensions entre les différents protagonistes. Cette élection, point d’achèvement du processus électoral, « qui aurait dû se tenir depuis plusieurs mois est constamment retardée par des difficultés de toutes sortes », a relevé la Mission.
Plusieurs obstacles se dressent en effet sur la voie de l’organisation du scrutin législatif. Les problèmes relèvent à la fois de la confiance entre les acteurs de la scène politique, et aussi de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en ce qui concerne le fichier électoral. Les nominations effectuées par le Président à la tête des services de l’Administration sont sujettes à suspicion et ses protagonistes estiment tout autant qu’il ne fait rien pour la réconciliation nationale.
D’une manière générale, on relève un manque total de confiance entre les acteurs politiques et une méfiance générale entre le chef de l’Etat et l’opposition.
Tous les actes posés par le chef de l’Etat sont suspectés par l’opposition et le président relève lui-même, sur RFI, un climat de mésentente et d’incompréhension entre lui et ses anciens collègues de lutte.
Sur la question de la CENI et du fichier électoral, le chef de l’Etat entend procéder à une refonte du fichier électoral et a fait venir en ce sens du matériel d’Afrique du Sud, une action contestée par l’opposition qui demande une simple révision de ladite liste.
L’administration générale du pays est aussi au cœur des tensions. Le chef de l’Etat est accusé par l’opposition de procéder à des nominations sur une base ethnocentriste à la tête des services de l’Etat. Accusations réfutées par le chef de l’Etat qui assure rechercher par les nominations en cause à renforcer l’unité et corriger les déséquilibres instaurés depuis la période coloniale.
En dehors de ses dissensions entre pouvoir et opposition, la question de la réconciliation nationale tarde à être à l’ordre du jour. Malgré la création d’un Comité provisoire de réconciliation par le chef de l’Etat, les citoyens ne voient aucune action concrète à l’horizon.
On note également l’existence de divers problèmes, notamment l’accès équitable de tous aux médias publics, la mise en place de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication, le respect des libertés publiques, surtout le droit de manifester.
Bref, une atmosphère de crise qui n’est pas de nature à clore le chapitre de la transition et à lancer le pays sur la voie du développement et de la réconciliation nationale.
De sources concordantes, la Mission de la CEDEAO estime urgentes l’organisation des législatives mais également sa présence au chevet de ce pays membre, une attente exprimée par tous les acteurs.
La volonté du Président Alpha Condé de trouver une solution guinéenne à la crise, s’est heurtée à la méfiance de ses adversaires. En intervenant, la CEDEAO a ouvert la voie au dialogue.
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