La Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) a entamé depuis plusieurs semaines ses audiences publiques, privées et à huis clos. Elle a clôturé ses audiences ce jeudi à Aného (environ 45 km au nord de Lomé), après les étapes de Lomé, Dapaong, Kara, Sokodé, Atakpamé et Tsévié.
La Commission se rendra samedi prochain à Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé), avant-dernière étape de son périple. L’Agence Savoir News s’est rapprochée de ClaudeVondoly, président de « Convergence », un Collectif des Associations de Défense des Droits des Victimes des Violences Politiques.
Selon M.Vondoly, la CVJR « conduit les audiences avec probité, célérité et objectivité », mais elle doit cependant, « faire plus d’effort pour raffermir davantage sa coopération et sa collaboration avec la société civile ».
Savoir News: Quelle appréciation faites-vous du déroulement de ces audiences ?
Claude Vondoly:<
/strong> La Commission Vérité Justice et Réconciliation conduit les audiences avec probité, célérité et objectivité. Elle offre aux victimes, témoins et proches des victimes une véritable tribune d’où elles peuvent s’exprimer.Vous savez, des centaines de victimes ont subi de 1958 à 2005 des dommages moraux et matériels. Il y a eu des pertes en vies humaines et des disparitions.
Les séquelles et le traumatisme liés à ces violations flagrantes de droits de l’homme sont énormes et difficiles à supporter pour les victimes. Les audiences de la CVJR permettant donc à ces personnes non seulement de se libérer, mais également d’interpeller l’opinion sur l’atrocité et la cruauté de ces actes qui ont à mon sens franchi la limite de la décence et qui sont restés impunis.
Savoir News: D’aucuns estiment que ces audiences se déroulent à sens unique, seuls victimes et témoins sont écoutés par la CVJR. Comment expliquez-vous le fait que les présumés auteurs ne se présentent pas?
Claude Vondoly: Il revient à la CVJR d’user de toutes ces prérogatives pour exiger des présumés responsables des actes de violations des droits de l’homme leur comparution.
Les victimes attendent des travaux de la commission, l’émergence de la vérité. La Commission doit à cet égard prendre ses responsabilités pour mener des investigations minutieuses, conduire des enquêtes dans le but de clarifier, d’élucider les togolais sur la responsabilité individuelle des auteurs présumés formellement identifiés par les victimes ou les témoins. C’est dire que désormais, il faudra interpeller directement et individuellement chaque auteur présumé d’abus, de dérapage ou de violation des droits humains afin qu’il réponde de ses actes.
Savoir News: comprenez-vous le faite que certaines personnes citées par des témoins et victimes menacent de porter plainte ?
Claude Vondoly: Si une telle démarche pourrait contribuer à la manifestation de la vérité !
Savoir News: Quelles suggestions avez-vous à l’endroit de la CVJR pour la réussite de ces audiences ?
Claude Vondoly: La CVJR doit faire plus d’effort pour raffermir davantage sa coopération et sa collaboration avec la société civile en l’occurrence les associations qui assistent les victimes. Leur implication dans le processus est très indispensable d’autant qu’elles contribuent à la sensibilisation et à la mobilisation de l’opinion.
Par ailleurs, les victimes souhaitent ardemment que la CVJR initie des mesures concrètes susceptibles de contribuer à l’établissement de la justice, la vérité et la réconciliation. Dores et déjà, il est urgent que la Commission envisage dans l’immédiat des mécanismes devant permettre la restitution des biens usurpés aux victimes ; la réhabilitation et la réintégration de certains agents de l’administration publique. La CVJR doit continuer par prendre en charge les cas les plus préoccupants afin de soulager les cœurs meurtris.
Propos recueillis par Junior AUREL
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