La Commission Vérité , Justice et Réconciliation (CVJR) a posé depuis vendredi ses valises à Atakpamé (environ 175 km au nord de Lomé) pour ses audiences publiques, privées et à huis clos.
Au Centre Saint Bernard de l’Evêché d’Atakpamé où se déroulent se audiences, l’ambiance est tout autre, car on observe un fort engouement du public autour des témoignages des victimes et témoins. Pour certains observateurs, Atakpamé a « battu le record » en matière d’affluence autour de ces audiences.
« Je suis tenté de dire qu’à Atakpamé, l’engouement est plus fort qu’à Dapaong où tout le monde avait noté le plus grand intérêt qu’ont attaché les populations aux témoignages », a confié à l’Agence Savoir News, un journaliste rencontré sur les lieux.
A l’intérieur du Centre Saint Bernard de l’Evêché d’Atakpamé ou à l’extérieur où a été installé un écran géant, la plupart de ceux qui assistent à ces audiences attachent un grand intérêt aux témoignages. L’attention est surtout portée sur les déclarations liées aux violences et exactions enregistrées dans cette localité lors de la présidentielle d’avril 2005.
Samedi, les témoignages ont porté notamment sur les conflits inter-communautaires liés aux déplacements forcés de populations dans la région des Plateaux en 1992 et dans la région de Yoto ; les violences sociopolitiques relatives à l’élection présidentielle d’avril 2005 ; ainsi que diverses violations de droits humains.
Ce dimanche, les audiences se sont déroulées en privé et à huis clos. Rien n’a filtré pour le moment des témoignages recueillis par la CVJR.
Les audiences publiques reprennent lundi et seront consacrées aux violences politiques de 2005 ainsi qu’à des audiences sur requête.
« Je ne rate aucune séance de ces audiences depuis l’ouverture. Je serai encore présente demain (lundi), pour écouter des témoignages sur les violences des élections de 2005 », a confié à l’Agence Savoir News, Jeanne, gérante d’un cyber café en congé.
« Nous avons vécu beaucoup de choses ici lors de élections, notamment après la proclamation des résultats. Nous étions (papa, maman, mes frères et sœurs) d’abandonner notre maison pour cinq semaines. On était tous venus à Lomé, auprès d’un oncle qui travaille dans une banque », a-elle souligné.
Pour Kossigan, mécanicien, beaucoup de choses pouvaient sortir de ces audiences, si les gens n’ont pas peur de parler : « Moi, je ne suis pas allé à l’endroit où se déroulent les audiences, mais j’apprends à travers des amis, que certains ont peur de parler. Mais si déjà il y a certains témoignages, c’est un grand pas. Pourvu qu’ils aient le courage de dire exactement ce qui s’est passé ».
« Nous avons beaucoup souffert lors de ces élections. J’aurais voulu aussi témoigner, mais j’ai un peu peur. Je ne sais pas si les autres localités du pays ont vécu la même situation que nous. Je compte sur Mgr Barrigah pour que la vérité sorte et ceux qui nous ont matés et violentés soient démasqués », a-t-il ajouté.
« Il faudrait qu’à Atakpamé, les auteurs des violences et tueries sortent également pour raconter les faits. Nous ne voulons pas entendre chaque fois les témoignages des victimes et témoins, comme cela s’est passé ailleurs », a lancé, un jeune conducteur de taxi-moto venu réparé sa engins chez Kossigan.
« Nous voulons que la vérité éclate ici. Des gens ont vu tous leurs biens volés en éclat. Certains ont été molestés, torturés et tués. D’autres ont définitivement quitté la ville à cause de ces violences de 2005. Il fallait être ici pour assisté à ceux que nous avons vécu. C’était horrible », a renchéri, le visage subitement tendu, un autre conducteur de taxi-moto.
Samedi dernier, la CVJR , a dans ses analyses, affirmé qu’Atakpamé a « beaucoup souffert de ces événements tragiques ».
« Les attentes des populations, ici plus qu’ailleurs, sont grandes vis-à-vis des conclusions de nos travaux qui visent à apaiser les cœurs et à consolider la concorde nationale », avait souligné la CVJR.
A Atakpamé, les audiences sont consacrées notamment aux violences politiques de 1958, les législatives de 1961 et les arrestations qui s’en sont suivies et les déplacements des populations suite aux violences politiques.
Les témoignages seront également recueillis que les conflits intercommunautaires entre Akébou et Akposso dans les années 1991 et 1992 et d’autres cas de violations des droits humains et violences à caractère politique survenues dans notre pays dont celles liées à la présidentielle de 2005.
Ces audiences doivent s’achever à Atakpamé mardi prochain.
Rappelons que les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.
D’Atakpamé, Nicolas KOFFIGAN
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