Journée un peu chargée pour le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, qui a reçu les délégations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) et des Forces Armes Togolaises (FAT), ainsi que l’ancien Premier ministre togolais Me Joseph Kokou Koffigoh.
Cette rencontre faite suite aux audiences enregistrées ces deux derniers jours par la CVJR et le droit de réponses des FAT aux évènements de la lagune de Bè et à l’attaque de la Primature le 3 décembre 1991.
Les FAT avaient fait leur sortie mardi devant la CVJR dans un droit de réponse, suite aux témoignages faits par Me Joseph Kokou Koffigoh sur l’attaque de la Primature et ceux de certains compatriotes sur les évènements de la lagune de Bè. Selon les représentants des forces armées, certains témoignages sont de nature à « discréditer » les FAT. Cette sortie des Forces armées a créé une sorte de malaise et de psychose au sein de la population, raison pour laquelle les trois parties ont été reçues par le chef de d’Etat.
« A la fin de cette première phase des audiences à Lomé, la CVJR a essayé de faire le point. Elle voulait déjà soumettre au chef de l’Etat, un certain nombre de questions, notamment l’insuffisance de la couverture médiatique. Puis, il y a eu un malaise que nous avons ressenti hier avec la déclaration des FAT. Cela a suscité un certain émoi, parce que les populations ont commencé à se demander si ce n’était pas dangereux après tout e faire des audiences », a déclaré devant les caméras de la Télévision nationale (TVT) Mgr Nicodème Barrigah, le président de la CVJR.
« Nous avons jugé qu’il était important de porter la question à l’attention du chef de l’Etat pour que nous trouvions ensemble le moyen d’accorder le droit de réponse à toute personne et à toute institution, sans pour autant provoquer un climat de panique. C’est cela que nous avons fait en expliquant bien que la CVJR reconnaît le droit de réponse à toute personne et à toute institution qui se sent interpeller, mais dans les formes convenues pour éviter que les populations ne s’alarment », a-t-il souligné.
« Naturellement, nous pensons que le travail doit se poursuivre au sein de la CVJR de concert avec les Forces armées togolaises parce que, ce n’est pas l’unique fois où elles seront appelées à se prononcer sur les évènements du pays. Nous pensons qu’il est important que les formes soient adoptées pour que ces interventions ne provoquent pas une psychose au sen des populations », a précisé le prélat.
Organisées après les dépositions et les investigations, les audiences sont des séances au cours desquelles, la CVJR entend et interroge des victimes, des témoins ou des présumés auteurs de violence ou de violations des droits de l’homme, dans le but de collecter des informations complémentaires pour la recherche de la vérité.
Ces audiences publiques, privées et à huis clos (in camera) doivent se dérouler à Lomé, Aného, Tsévié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara et à Dapaong.
La première session de ces audiences a pris fin mardi à Lomé. Les membres de la CVJR mettront le cap sur Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé) jeudi pour la suite de ces auditions qui concerneront entre autres, les événements de 1958, les incidents de Barkoissi, les affaires de la faune et les violences de 2005.
Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Edem Etonam EKUE
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