La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) a clôturé ce mardi, la première session des audiences à Lomé, après cinq auditions sur les incidents d’avril 1991 à Kévé et le droit de réponse de Forces Armées Togolaises (FAT) suite à certains témoignages sur l’attaque de la Primature le 3 décembre 1991 et les évènements de la lagune de Bè, a constaté l’Agence Savoir News.
Pour les incidents de Kévé survenus en avril 1991, la CVJR a auditionné le Sous-préfet de l’époque, un gardien de préfecture au moment des faits, les enfants du notable mort pendant lesdits événements, la famille du brigadier de gendarmerie qui a été tué puis décapité ainsi que le Chef traditionnel de la localité.
Il résulte des faits présentés que suite à l’arrestation du gardien du CEG Maman N’Danida de Kévé, les élèves de la localité ont organisé des manifestations de protestation d’Assahoun jusqu’à Kévé. Ils ont occupé la Sous-préfecture et le camp des gardiens de préfecture puis ont vandalisé les lieux.
Les gardiens de préfecture lors du maintien de l’ordre ont fait usage d’armes à feu. Bien des manifestants ont été blessés.
Quant au Sieur Boniface Drovi, Notable du Chef de Kévé, il a reçu une balle perdue alors qu’il était à son domicile avec ses enfants et a rendu l’âme. Très remontés, les chasseurs traditionnels communément appelés « Abrafo » s’en sont pris au brigadier Kpatcha Addi, gardien de préfecture en fonction dans la localité, qu’ils ont tué. Quant à sa décapitation, la Commission n’est pas en mesure, au regard des auditions, d’en situer la responsabilité.
La famille du Brigadier Addi a demandé à la Commission d’entreprendre les démarches nécessaires, afin que la tête de leur bien aimé soit retrouvée en vue de leur permettre de faire le deuil.
Toujours pour cette journée, les Forces Armées Togolaises ont présenté à la CVJR, un droit de réponse par rapport aux événements de la lagune de Bè ainsi que ceux relatifs à l’attaque de la primature.
Selon les représentants des forces armées, certains témoignages sont de nature à « discréditer » les FAT. Ce droit de réponse a été lu par le Colonel Djibril Inoussa.
Selon la CVJR, toute personne physique ou morale, toute institution mise en cause pendant ou après les audiences que ce soit à Lomé ou dans les antennes, peut exercer un droit de réponse.
Les membres de la CVJR mettront le cap sur Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé) jeudi prochain pour la suite de ces auditions qui concerneront entre autres, les événements de 1958, les incidents de Barkoissi, les affaires de la faune et les violences de 2005.
Organisées après les dépositions et les investigations, les audiences sont des séances au cours desquelles, la CVJR entend et interroge des victimes, des témoins ou des présumés auteurs de violence ou de violations des droits de l’homme, dans le but de collecter des informations complémentaires pour la recherche de la vérité.
Ces audiences publiques, privées et à huis clos (in camera) doivent se dérouler à Lomé, Aného, Tsévié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara et à Dapaong.
Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Junior AUREL
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