Le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi est sur le point de s’effondrer après une gouvernance controversée de plus de quatre décennies. Les troupes rebelles ont pris le contrôle de la capitale Tripoli dimanche soir et son fils Saif Al-Islam a été arrêté, selon l’agence Xinhua.
Début février, les Libyens sont descendus dans les rues à Benghazi, la deuxième plus grande ville du pays, afin de proclamer leur opposition contre le leader libyen, qui est connu pour ses actes et propos singuliers.
Au pouvoir depuis 42 ans et jusqu’à présent le plus ancien chef d’Etat du monde arabe, M. Kadhafi a procuré au peuple libyen les moyens d’existence, alors qu’il s’est assuré du soutien des ténors des tribus (les tribus et les clans constituent la majorité des forces politiques en Libye car M. Kadhafi a interdit tous les partis politiques) dans le pays en les utilisant la corruption et le pouvoir en vue de maintenir sa domination.
Né d’une famille bédouine de la tribu des Gaddafa dans le désert de Syrie le 7 juin 1942, Mouammar Kadhafi a reçu une éducation religieuse rigoureuse avant d’entrer à l’Académie militaire de Benghazi en 1963.
A la suite de ses études, il s’est engagé dans l’armée libyenne en 1965 et a été envoyé en Grande-Bretagne pour suivre un entraînement supplémentaire au British Army Staff College en 1966.
Sa gouvernance a débuté en septembre 1969, après que le jeune Kadhafi, alors officier subalterne, secondé par quelques collègues dans « le Mouvement des officiers libres », ait mené le coup d’Etat sans effusion de sang contre le vieux roi Idriss, qui se trouvait en Turquie pour un traitement médical et qu’il avait instauré la République arabe libyenne. Par suite, M. Kadhafi est devenu président du Conseil de commandement de la révolution (CCR) et commandant en chef des forces armées de Libye.
Il était à la fois ministre de la Défense et Premier ministre de 1970 à 1972. En 1977, il est devenu « guide de la Révolution de la Libye » et a renoncé à tous les postes administratifs en 1979, en gardant seulement ce titre.
Né dans le désert de Syrie en 1942 et militaire de carrière, M. Kadhafi a survécu à bien des guerres avec les autres pays tels que le Tchad et l’Ouganda dans les années 1980, ainsi qu’à de nombreuses tentatives d’assassinats dont une en 1996 organisée par le Secret Intelligence Service de la Grande-Bretagne, après une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays depuis plus d’une décennie suite à la mort d’une policière britannique tuée par les diplomates libyens en 1984. Pour ce dirigeant de fer, les manifestations n’auraient pas pu constituer un défi majeur.
Par surcroît, M. Kadhafi est plus connu pour sa position intransigeante à la suite de l’attentat de Lockerbie, qui a eu lieu en décembre 1988 contre un Boeing 747 en Ecosse, dans lequel étaient impliqués des Libyens.
Cet accident, qui a coûté la vie à 270 civils dont 189 Américains, a été considéré comme faisant partie d’une série de violences réactives dans les années 1980 entre les Etats-Unis et les groupes terroristes non-étatiques ou cautionnés par l’Etat dans la région.
M. Kadhafi a refusé de livrer les terroristes suspects jusqu’en 1999. En 2003, la Libye a officiellement revendiqué la responsabilité de l’attentat de Lockerbie, mais n’a jamais présenté ses excuses. En 2009, lorsqu’Abdel Basset al-Megrahi, le seul assaillant condamné pour l’attentat, a été libéré de la prison écossaise pour des raisons médicales, M. Kadhafi l’a accueilli à l’aéroport, ce qui consistait en un nouvel outrage à Washington.
Cependant, de temps en temps, M. Kadhafi a également fait des compromis sur la base de l’évaluation de la situation, notamment après des années de sanctions infligées par les pays occidentaux et les Nations Unies dans les années 1990. En 2001, pour ressusciter sa vie politique, il s’est manifesté rapidement pour condamner les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Il a aussi annoncé en 2003l’abandon du programme d’armes de destruction massive.
Néanmoins, à partir de février 2011, son pouvoir est fortement remis en cause suite à des manifestations de grande ampleur qui avaient fait rage dans le pays. Ayant découvert que les protestataires étaient plus déterminés que d’habitude, M. Kadhafi a recouru à la force, en lançant des attaques sans discernement qui ont coûté la vie à beaucoup des civils. Or, les conflits sanglants n’ont qu’accentué l’antagonisme au point que le pays ait été plongé au bord d’une guerre civile.
Des fonctionnaires gouvernementaux sont ensuite passés à l’attaque, en prenant les armes et se mettant du côté des protestataires et des rebelles. Cependant, les troupes rebelles, sans uniforme et équipées seulement d’un arsenal modeste, étaient loin d’égaler les forces gouvernementales. Mais une résolution de l’ONU, emporté le 17 mars, leur ont donné un répit.
La résolution, proposée par la France, le Liban et la Grande-Bretagne dans l’intention de protéger les civils, a demandé un cesser-le-feu immédiat en autorisant l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne en Libye et a renforcé l’embargo sur les armes contre le gouvernement. De plus, essentiellement, cette résolution a légitimé l’intervention militaire dans le conflit intérieur du pays.
Etant donné que la Libye n’a pas pu observer le cessez-le-feu comme prévu, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont lancé des frappes aériennes le 19 mars dans le but de faire capituler M. Kadhafi. L’OTAN a pris le commandement des opérations militaires en Libye le 31 mars après que La Turquie, son seul membre musulman, ait approuvé ce plan.
Maintenant, une nouvelle page s’ouvre dans l’histoire de la Libye, mais il reste incertain qu’un avenir paisible soit assuré au peuple libyen. Ce qui est sûr, c’est que la destruction amenée par la guerre, qu’elle soit matérielle ou mentale, ne pourra être guérie que par le temps, et le destin du peuple libyen ne pourra être déterminé que par lui-même.
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