« Je ne suis pas venu en pompier, je ne suis pas zorro », a déclaré dimanche Charles Kondi Agba, le nouveau ministre de la santé en allusion à la grève observée cette semaine dans le secteur de la santé.
A l’appel du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT), le secteur a été paralysé de mardi à vendredi. Ce secteur avait été déjà subi le même sort du 30 mai au 1er juin dernier.
Les praticiens hospitaliers du Togo exigent notamment l’adoption de leur statut particulier et la dotation sans délai des trois Centres Hospitaliers et Universitaires d’une connexion Internet.
Ils exigent également un audit financier des Centres Hospitaliers et le versement de l’appoint annuel 2010, relatif aux primes de risques.
Les discussions achoppent notamment sur leur statut particulier et le montant mensuel des primes de risques.
« Je ne suis pas venu en pompier, je ne suis pas zorro», a déclaré M.Agba à la Télévision nationale (TVT) lors de l’émission « Plateau de la Semaine ».
Cette réponse du ministre fait suite à la question de savoir s’il est venu en « sapeur pompier ou pour gérer le mouvement des médecins ».
Selon lui, « on ne peut pas nommer un ministre pour gérer une crise. La crise doit être temporaire. Il faut bien qu’elle s’estompe ».
« Cette situation de prise en otage de la santé des compatriotes n’est pas bonne », a-t-il souligné.
« Je souhaite que le bon sens puisse prévaloir. Qu’il y ait une Assemblée générale (Ag) lundi, c’est normal. Ils ont ce droit-là. Mais à la sortie de cette Ag, qu’on puisse se dire qu’il y a de nouvelles conditions qui sont créées », a-t-il indiqué.
« J’ai été deux fois ministre, ils savent comment nous travaillons. Je les ai déjà reçus. Ils savent que ma porte leur est ouverte, ils savent comment nous pouvons faire progresser les choses positivement », a poursuivi le ministre.
Pour M.Agba, le dialogue entamé va se poursuivre, « il ne sera pas rompu, bien au contraire, il sera intensifié ».
« Nous allons nous parler, nous allons finaliser ce qui est déjà entamé. Il n’est pas remis en cause. Nous voulons que tout soit précis, écrit sur papier; après quoi, le gouvernement l’endosse et le met en application », a-t-il précisé.
M.Agba, actuel président de la commission du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP), a déjà occupé le portefeuille du ministère de la santé deux fois. Il remplace Komlan Mally limogé jeudi dernier. Aucune explication officielle n’a été donnée. Mais selon certaines indiscrétions, le mouvement de grève qui secoue le secteur de la santé serait à l’origine de son limogeage. M.Mally aurait mal géré ce dossier, selon ces sources.
ENCADRE : Les primes de risques, une « patate chaude » sur la table du gouvernement
Centres de santé publics paralysés de mardi à vendredi, nouvelle Assemblée générale des agents de santé prévue lundi matin: les primes de risques, le principal point d’achoppement des discussions entre membres du gouvernement et responsables du syndicat des agents de santé sont devenues la patate chaude sur la table du gouvernement.
Selon des sources concordantes, l’essentiel des discussions tourne aujourd’hui autour de ces primes.
Apparemment, le montant ne pose plus tellement problème (entre 18.000 et 19.000 F.CFA), mais plutôt le nombre de bénéficiaires. Faut-il prendre en compte tout le personnel y compris ceux qui ne sont pas en contact direct avec les malades à savoir les chauffeurs, les courtiers, les secrétaires etc…
« On se demande s’il est vraiment normal de payer par exemple une prime mensuelle de risques estimée 18.000 ou 19.000 F.CFA à un agent dont le salaire n’est pas très loin du Smig. Je pense qu’il est décent de faire la part des choses », a confié à l’Agence Savoir News, une source proche du dossier.
Le secteur de la santé compte environ 10.500 agents, selon des statistiques communiquées à l’Agence Savoir News. Ceux qui sont en contact direct avec les malades (médecins, infirmiers, aides-soignants etc…) sont évalués à 4.000 agents.
Un petit calcul :
Première hypothèse : Prise en compte de l’ensemble du personnel (10.500 agents) avec une prime mensuelle fixée à 19.000 F.CFA. L’Etat va dé débourser 199.500.000 F.CFA par mois.
Deuxième hypothèse : Prise en compte seulement des 4.000 agents. Le gouvernement va déloquer chaque mois, 76.000.000 F.CFA, soit une différence de 123.500.000 F.CFA.
Après lecture minitueuse de ces chiffres, d’aucuns se demandent la forme que prendront les discussions après l’Ag de lundi matin. Qui cédera? Est-ce le gouvernement ou les responsables du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT)?
Charles Kondi Agba, le nouveau ministre de la santé, pourra-t-il réussir à faire fléchir les responsables du SYNPHOT?
Junior AUREL
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