« Le bilan de l’intégration régionale en Afrique est mitigé », a affirmé le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé à l’ouverture mardi à Lomé du Colloque international du Forum panafricain pour la paix et le développement (« Pax Africana ») sur l’intégration et la renaissance africaine.
« Pax Africana » est une Fondation créée par l’ancien Premier ministre togolais et ancien secrétaire général de l’OUA (actuelle Union Africaine) Edem Kodjo.
Plusieurs personnalités de premier plan venues du monde de la politique (dont d’anciens chefs d’Etat et de gouvernement), des affaires, des arts, des sciences et de la technologie ainsi que des médias, continentales et de la diaspora participent à ce colloque qui doit s’achever jeudi.
Parmi les anciens présidents figurent Obasanjo du Nigeria, Tabo Mbeki de l’Afrique du Sud et John Rawlings du Ghana.
A l’ouverture de ce colloque, étaient présents le Premier ministre togolais Gilbert Fossoun Houngbo, le président de l’Assemblée nationale Abass Bonfoh et le président de la Cour constitutionnelle Aboudou Assouma.
Des diplomates accrédités au Togo dont l’ambassadeur de France au Togo Dominique Renaux et le chef de la délégation de l’Union européenne Patrick Spirlet étaient également présents.
« Il est clair que l’intégration régionale s’est imposée et continue de s’imposer à nous tous comme un impératif, une voie incontournable susceptible de promouvoir le développement économique et social, la paix, la sécurité et le bien-être des populations africaines », a déclaré Faure Gnassingbé.
« Malheureusement, nous devons tout de même reconnaître qu’en dépit des efforts considérables déployés, notamment dans la mise en œuvre du plan d’action de Lagos, que le développement économique de l’Afrique pour la période 1980-2000 et du traité d’Abuja instituant la communauté économique africaine en dépit du Népad, le bilan de l’intégration régionale en Afrique est plutôt mitigé », a-t-il souligné.
Selon lui, « l’intégration de l’Afrique s’est jusqu’ici révélée être un processus complexe, mais l’enjeu est cruciale et déterminant pour l’avenir du continent et pour sa renaissance ».
« Malgré les difficultés qui, à ce jour, ont ralenti, sinon enrayé toute progression significative d’intégration du continent, il importe de trouver à la suite d’une évaluation minutieuse et approfondie, les voies et moyens promptes à insuffler une nouvelle dynamique à la tâche dont tout africain doit se sentir investi: celles d’œuvrer avec acharnement pour une Afrique unie et forte, une Afrique qui impose le respect. C’est à ce prix et à ce prix seulement que, comme le proclamait le président Tabo Mbeki le 16 juin 1999 lors de son investiture: le XXIe siècle sera africain », a précisé le chef de l’Etat togolais.
Axé sur le thème « L’Intégration comme facteur de la renaissance », ce colloque a pour objectif de relancer et de participer activement à la consolidation de la volonté affirmée des pères fondateurs du panafricanisme: la construction rapide, progressive et intelligente des Etats-Unis d’Afrique.
Il s’agit de dresser le bilan des politiques d’intégration du continent depuis la création de l’OUA en 1963 et la constitution de Communautés économiques régionales (CER), de proposer de nouveaux axes de développement au regard des nouvelles réalités et perspectives.
Cinquante ans après les indépendances « octroyées » ou arrachées, l’Afrique a dû mal à se libérer des entraves dans lesquelles l’ont mise plusieurs siècles d’esclavage et de colonisation, pour assurer le bien-être à ses populations. En matière de développement, Pax Africana fait l’amer constat que tous les politiques et plans de développement manquent de suivi ou sont mal appliqués.
En dépit de fortes potentialités de son sol et sous-sol, de la richesse de ses ressources humaines sur le plan continental et au niveau de sa diaspora, de la constitution de plusieurs ensembles économiques régionaux, de la déclaration d’engagement de Monrovia des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA le constat est fait que le continent traîne à la périphérie du monde.
Un constat qui s’impose malgré les nombreux appels à l’autosuffisance nationale et collective dans le domaine économique et social en vue de l’instauration d’un nouvel ordre économique international, du Plan d’Action de Lagos pour le développement économique de l’Afrique pour la période 1980-2000, du projet NEPAD.
Aussi, pour la Fondation « Pax Africana », est-il impératif de rassembler les acteurs éminents et influents du monde politique, des affaires et de la société civile, pour proposer des solutions pragmatiques en vue de lever les obstacles qui freinent la réussite des ensembles régionaux et de l’Institution continentale.
Dix ateliers seront animés lors ce colloque avec des sous-thèmes variés : « Bilan de l’Intégration régionale et continentale », « Libre circulation des personnes et des biens », « La nécessité de l’appropriation de l’idée et du processus d’intégration par les peuples », « Le rôle du secteur privé dans l’intégration » ou encore « La contribution des Communautés Economiques Régionales (CER) à l’intégration africaine : progrès et perspectives ». D’autres sous-thèmes tels que « La Science et la Technologie au service de l’Intégration et de la Renaissance africaine », « La responsabilité de la Diaspora africaine dans le processus d’Intégration et de Renaissance de l’Afrique » et « La Renaissance africaine par l’intégration » feront également l’objet de discussions.
Rappelons que « Pax Africana » a pour objectif de garantir la paix en Afrique, par l’analyse des conflits et leur prévention, la négociation, la médiation et d’oeuvrer pour un développement accéléré du Continent et de ses pays par des actions multiformes propres à atteindre cet objectif.
Ses missions : prévenir les conflits par une intervention rapide suite à des analyses précises de la situation socio-politique des zones et des pays à risques et prendre des initiatives pour assurer la paix, par la médiation, la conciliation et la négociation.
Cette Fondation veut également servir de plate-forme de réflexion et d’action pour un développement adéquat et accéléré de l’Afrique en tablant essentiellement sur son intégration continentale ou régionale, accompagner les gouvernements dans la réalisation de leurs programmes de développement et mobiliser de ressources pour la mise en oeuvre des programmes définis.
Junior AUREL
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