« La littérature togolaise sur le plan international se porte très bien », a estimé dans une interview à l’Agence Savoir News Kangni Alemdjrodo, écrivain et Directeur artistique du Festival international des littératures « Plumes Francophones » ouvert depuis lundi à Lomé et à Kara. Auteur de plusieurs publications dont « Les silences du commandant Maîtrier », Kangni Alemdjrodo – également fondateur de l’Atelier Théâtre de Lomé – a abordé plusieurs sujets notamment les problèmes relatifs aux Maisons d’édition.
Savoir News: Quelle est aujourd’hui la place de la littérature togolaise sur le plan international ?
Kangni Alemdjrodo: La littérature togolaise sur le plan international se porte très bien. Il y a encore 15 ans, quand on voulait parler de la littérature togolaise, on citait toujours Félix Kouchouro, David Ananou etc… Aujourd’hui, on est à l’embarras de choix et ce qu’on peut reprocher à cette nouvelle tendance, c’est qu’on parle beaucoup des écrivains togolais qui vivent à l’étranger, on ne parle pas assez des écrivains sur le plan local. Pour une raison assez simple, c’est que les Maisons d’éditions à l’étranger ont plus de visibilité, donc c’est normal. C’est plutôt à nous maintenant de faire l’effort, de mettre aussi en évidence, les auteurs locaux.
Savoir New: Mais d’aucuns estiment que la littérature togolaise est plutôt mal lotie.
Kangni Alemdjrodo: Je ne suis pas d’accord avec l’affirmation, parce que, c’est aujourd’hui que l’on parle le plus souvent de la littérature togolaise à l’internationale. Je crois plutôt que le débat est autre. Au fond, à chaque époque, correspond un type de littérature. On ne peut pas espérer raisonnablement avoir les mêmes types d’écrivains en 2011 que l’on avait entre 1990 et 1991. Ce n’est pas possible. Les contextes ne sont plus les mêmes, car les auteurs ont d’autres types de préoccupation. Et puis, il ne faut pas oublier que c’est le contexte qui parfois, décide même de la visibilité des auteurs. Il y a une sorte de résignation et d’accalmie au niveau de la réflexion au Togo. C’est ce qui explique que les auteurs restent dans l’ombre en attendant peut être un autre bouillonnement. Ce n’est pas forcément les auteurs qui produisent le bouillonnement, c’est le contexte qui le produit.
Savoir News: Le Festival International des littératures « Plumes Francophones » a démarré depuis lundi à Lomé et à Kara (environ 420 km au nord de Lomé. Ce Festival peut-il, les mois à venir aider les acteurs togolais en matière de Maisons d’édition sur le plan local?
Kangni Alemdjrodo: Le Festival ne peut pas résoudre les problèmes des Maisons d’édition. Ce sont d’abord des problèmes de type structurel. Nous devons d’abord nous poser un certain nombre de questions: Combien de livres j’édite par an? Quel public je vise en sortant un livre sur la grammaire, un livre sur la chanson? etc…Ce Festival permet à l’éditeur de positionner et de faire voir les auteurs. Lorsque vous organisez par exemple une conférence, les maisons d’édition locales vous propose des auteurs que vous amener à la rencontre des lecteurs. Est-ce que vous pouvez vous compte comme dans un pays comme le Togo, que beaucoup de gens viennent de découvrir l’existence d’une petite maison d’édition qui s’appelle Les Editions Awoudy, qui pourtant, est là depuis plusieurs années, qui végète et tout à coup, parce qu’on en parle, les gens se disent, ah bon, ça aussi existait, c’est ça la force d’un festival : sortir de l’ombre une maison d’édition lui permettant d’aller au devant de ses lecteurs. C’est dans un autre sens qu’il faut prendre la question : est ce que le festival a des chances de durer pour que les éditeurs en profitent au maximum pendant assez longtemps.
Savoir News: Quel est aujourd’hui, le genre de style le plus porteur?
Kangni Alemdjrodo: Aujourd’hui, c’est plutôt le Roman qui est porteur. Le théâtre a atteint son apogée. Les auteurs de théâtre du Togo ne produisent plus de grands textes, il faut dire la vérité. Mais par contre, il y a plus de metteurs en scènes et de comédiens qui ont évolué dans le cas togolais. Il n’y a plus de texte mais les acteurs sont toujours là.
Propos recueillis par Lambert ATISSO
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